Chronique du Jeudi 8 juillet 2021

A vie (Festival Off)

Un comédien. Une parole spontanée qui trébuche, qui raconte quelques souvenirs insignifiants, déroule peu à peu une histoire terrible qui prend à la gorge. Rien ne laisse prédire ce qui arrive, et c’est l’irréparable.
En travaillant sur Fassbinder, Sébastien Bournac a découvert ce témoignage judiciaire bouleversant d’un détenu condamné à perpétuité extrait d’une étude allemande des années 1970, entre sociologie et psychiatrie.
Dans une trompeuse simplicité, on parcourt la parole brute de Peter Jörnschmidt et les chemins obscurs qui ont conduit au meurtre ce jeune homme comme les autres qui essayait seulement de vivre avec ses contemporains et de s’intégrer.

Mais s’avouer qu’on est un raté c'est difficile. L’avouer devant des gens qui l’ont toujours su, c’est encore pire...

La création de « À Vie » s’inspire d’un fait réel : en 1968, un jeune allemand, Peter Jörnschmidt, est condamné à perpétuité pour meurtre. Le texte de « À Vie » est son témoignage de vie sous la forme d’une interview, tiré du livre de Klaus Antes et Christiane Ehrhardt, "Perpétuité, les protocoles de la détention", étude psychiatrique allemande consacrée à des détenus et traduite de l’allemand par Irène Bonnaud. Fassbinder s’en est inspiré pour son film : "Je veux simplement que vous m’aimiez". Marqué par ce film, Sébastien Bournac revient au récit originel du jeune détenu pour restituer sa parole brute et en proposer une version scénique simple dans un espace épuré.     

A vie
Théâtre du Train bleu

Distribution

Mise en scène : Sébastien Bournac
Assistant : Etienne Blanc
Avec : François-Xavier Borrel

De roc et d'écume (Festival Off)

Une table, un banc... une jetée qui s’avance vers une mer qu’on imagine, un musicien solitaire qui meuble le calme de son violon...
Et un couple. Un couple d’enfants, âgés de 10 ou 100 ans, peu importe, qui jouent à repeindre le monde.
Le violoniste les observe … Son regard est musique…
Entre poèmes, interviews et souvenirs d’Eugène Guillevic, Marie Christine Barrault, Gérard Audax et le violoniste Guillaume Dettmar interprètent, sous la direction d’Aurélie Audax, un dialogue subtil et virevoltant.
Il est Guillevic, elle est Guillevic : deux facettes d’un poète du quotidien, qui vous invitent à entendre l’histoire de l’ homme qui « vivait en poésie ».
"Si j’écris, c’est disons
Pour ouvrir une porte.
Le plus curieux :
J’ignore
À quel moment se fait
Cette ouverture.
D’ailleurs, ce qui se lève
C’est peut-être un rideau." Guillevic     

De rocs et d'écume
Théâtre du petit chien

Distribution

Auteurs : Aurélie Audax, 
Avec les textes d'Eugène Guillevic
Metteuse en scène : Aurélie Audax
Interprète(s) : Marie Christine Barrault, Gérard Audax, Guillaume Dettmar

Entre chien et loups (Festival In)

Pour ne plus subir l’oppression d’un régime virant au fascisme, Graça part. Elle trouve refuge dans une communauté, présente sur une scène de théâtre, qui s’apprête à expérimenter le propos du film Dogville de Lars von Trier: l’accueil de l’autre. Son acceptation par cette communauté sera-t-elle différente? Parviendra-t-elle à échapper aux modes d’exploitation que déploie l’individu au sein d’une société capitaliste? En tressant une nouvelle fois des liens entre cinéma et théâtre, la metteuse en scène brésilienne Christiane Jatahy propose un jeu trouble aux renversements constants, opérés par les ambiguïtés des personnages et la déstabilisante présence d’écran et de caméra au plateau. Par ce dispositif scénique, l’artiste décale les perspectives de l’œuvre du cinéaste danois. En tendant un miroir aux mécanismes du fascisme, Christiane Jatahy poursuit son interrogation sur les questions centrales de nos temps, dans la continuité du Présent qui déborde, présenté au Festival d’Avignon en 2019.

Le cinéaste danois Lars von Trier éconduit tout réalisme pour son film Dogville réalisé en 2003 et n’hésite pas à tracer au sol les lieux, figurant l’espace comme un décor et filmant souvent les acteurs caméra sur l’épaule.  Cherchant ainsi une dimension théâtrale et à huis clos à cette œuvre tournée en studio, il donne à voir le petit village de Dogville comme lieu d’exploitation d’une femme en fuite. 

Librement adapté de Dogville de Lars von Trier.

Entre chien et loups
L'autre scène du grand Avignon-Vedène

Distribution

Avec Véronique Alain, Julia Bernat, Élodie Bordas, Paulo Camacho, Azelyne Cartigny, Philippe Duclos, Vincent Fontannaz, Viviane Pavillon, Matthieu Sampeur, Valerio Scamuffa

Adaptation, mise en scène et réalisation filmique : Christiane Jatahy
Collaboration artistique, scénographie et lumière : Thomas Walgrave

Samson  (Festival In)

« Son peuple a dit qu'il était un sauveur. Plutôt un pistolet chargé... »
Dans la pénombre du plateau, une cérémonie se prépare. Un homme au centre d'un cercle est revêtu d'une étrange coiffe, pendant qu'un prédicateur fait le récit de sa vie. Samson, héros de l'Ancien Testament et enfant d'Israël, vit sous la brutale domination des Philistins. Consacré à Dieu en tant que nazir pour libérer son peuple, il lui est interdit de se couper les cheveux, source de sa force extraordinaire. De ses amours tragiques avec deux femmes du camp ennemi, dont l'envoûtante Dalila, découlera un destin fait d'humiliation, de trahison et de vengeance. Le metteur en scène sud-africain plonge au coeur de cet ancien récit pour le transposer aussi bien au temps des colons que dans nos sociétés contemporaines de capitalisme sauvage, de migrations et de xénophobie. Traversé par une transe rituelle exaltée, Samson devient le symbole de l'humiliation et de la rage réprimée des peuples asservis d'hier et d'aujourd'hui. Une des plus grandes figures de la furie. Entre chants lyriques, beats électroniques et mur d'images, Brett Bailey nous enveloppe d'un univers ensorcelant et apocalyptique où se conjuguent violence et poésie.

Samson
Gymnase du lycée Aubanel

Distribution
Avec Shane Cooper, Mikhaela Kruger, Mvakalisi Madotyeni, Zimbini Makwethu, Marlo Minnaar, Hlengiwe Mkhwanazi, Apollo Ntshoko, Elvis Sibeko, Jonno Sweetman, Abey Xakwe

Texte et mise en scène : Brett Bailey
Chorégraphie : Elvis Sibeko
Musique : Shane Cooper

Dorothy  (Festival Off)

Un point dans un cercle. Vous êtes ici. Ou peut-être là. Tout dépend de C’est l’histoire d’une femme, Dorothy Parker.
C’était il y a longtemps. C’est maintenant.
Les histoires d’une femme américaine.
L’histoire des femmes américaines au temps de la prohibition, qui est aussi, incroyablement, le temps de leur accès au vote.
L’histoire d’une résistante, d’une autrice, romancière, critique de théâtre, scénariste, grande plume du fameux New Yorker. Dorothy doute, elle boit, elle se débat, elle s’ennuie à mourir, elle est, quelle que soit son histoire, effroyablement seule.
Elle est poétique et dramatique.
Et de là vient le rire. Et de là viennent les larmes.  

Dorothy
Théâtre de chêne noir

Distribution
Auteurs : Zabou Breitman, 
D'après Dorothy Parker
Metteuse en scène : Zabou Breitman
Interprète(s) : Zabou Breitman

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